C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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ABOYER   
B. -

[D'un homme] Aboyer qqn. "Lancer contre qqn des hurlements, des invectives" : Tel l'honnoure, qui l'abayeroit, Et lui ayde, qui lui nuiroit (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 1). Com le diffament, com l'abaient, Poingnent, espient et detraient (MACH., D. Lyon, 1342, 178). Or voise, qui ainsin le maintient, parmy les rues pour exprouver comment Raison le deffendra d'estre hué et abaié et ordoié. (GERS., Traité R. Rose, 1402. In : Chrestom. R., 51). ...je te diray (Je te pry, sans plus m'abaier) Que tu penses de moy payer (Path. D., c.1456-1469, 190). Et (...) quant le chief a ouy les oppinions de ung chascun et que (...) et n'a point d'esgart à son fait particullier, sinon ad ce qu'il pense qu'il plaist à Dieu et à l'execucion de son entreprise pour le meilleur de son party où il tient avoir bonne et juste querelle, il ne se doit desmouvoir de son entencion et doit avoir grant vertu de tenir ferme à l'encontre de ceulx qui l'abbayent, tendans à leurs fins. Et a bien Dieu à amy qui en eschappe (BUEIL, II, 1461-1466, 205).

2

ABRÉGER   
-

[Modalité d'énonciation] Pour abreger. "Bref, en bref" : Et rent [la bole d'Arménie] de fait nature forte Et la soustient et la conforte à débouter le venim hors, Qui est logé dedens le corps. Oultre a povoir pour abréger A réparer, et alléger, Les esperiz et leur substance, Sans nul péril ne violence. (LA HAYE, P. peste, 1426, 133). Et pour abreger vous devez avoir bonne oreille (JUV. URS., Aud. illos, 1432, 29). Et si te dy, pour habergier Que c'est ma mort toute juree (FRAIGNE. In : CH. D'ORLÉANS, Rond. R., 1443-1460, 528). Pour abreger, tant fist le bon musnier qu'il rendit a madame son tresbeau dyamant (C.N.N., c.1456-1467, 46). ...quant je vis qu'il eust puissance D'aler aux champs, pour abregier, Je le fis estre mon bergier Et le mis a garder mes bestes. (Path. D., c.1456-1469, 158). Il est aussi trouvé es hystoires de la fondacion de Romme que (...) après que le roy Eneas eut (...) prinse la fille du roy Latin en mariage, après aussi que son fils Jullius eut regné trente ans ou païs, advint que deux freres furent nez à Romme, qui pour lors estoit dicte Neufve-Troye, dont l'un fut nommé Remus et l'autre Romullus. Si furent nourris aux champs et allaictiés du laict d'une loupve. Mais, pour abregier, il advint, comme l'istoire le porte, que en leurs mains escheut la seigneurie et gouvernement de la cité. (BUEIL, I, 1461-1466, 128). Car je vous dy, pour abreger, Quelconque jour qu'en mengerés [de l'arbre de vie], Nul ne vous sçaroit sollager, Car de mort pour vray vous morrés. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 37). Mais, pour abreger, il compleüt aux dessusdictz Angloys et rendit la place audit duc de Lorraine, saulves leurs personnes et biens. (COMM., II, 1489-1491, 134). Pour abreger, temps est que je m'en aille (LA VIGNE, S.M., 1496, 253).

3

ABSOUDRE   
2.

[...d'une dette, d'une obligation] : Mais ilz vouldroient bien estre absouls de ceste debte, et pour ce il ne leur chaut se leur bienfaicteurs meurent. (ORESME, E.A.C., c.1370, 473). Nompas que je die ne vueille aucunement estre absoulz de vous aydier (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 508). Que donras tu se je renverse Le droit de ta partie adverse, Et se l'en t'en envoye assoubz ? (Path. D., c.1456-1469, 148).

4

ABSOUDRE   
-

DR. "Prononcer un jugement sans condamnation, déclarer innocent en justice" : Si furent touz premiers par devant les consulz (...) trais en cause contre les tesmongnages des nobles hommes, et si furent honnourablement et noblement absoulz. (BERS., I, 9, c.1354-1359, 26.20, 49). ...aussi fait injustice celui qui distribue autrement que il ne doit, comme le juge qui condempne ou absolt autrement que il ne doit. (ORESME, E.A.C., c.1370, 315). Quartement, se le souverain ne veult recevoir la remission, cestui doit non condempner et absouldre l'innocent, comme dit est. (ORESME, E.A.C., c.1370, 319). Et ne doit on point laissé les delis impugnis (...) ne absouldre ung deliquant. (JUV. URS., Aud. illos, 1432, 37). ...affin qu'en les puisse jugier, absoldre ou condempner (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 209). La court t'asoult, entens tu bien ? (Path. D., c.1456-1469, 182).

5

ABUSION   
1.

"Tromperie" : Non mie Achillès ne Estor, Non mie certes Lancelot, Ainz hon nez tant puissance n'ot, Celonc se que tu me racontes ; C'est droite abuision et contes. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 329). Quil vous recompteroit ceste destruction Et le non des occis, c'est droite abusion. (Gir. Ross. H., c.1334, 213). Or pert que par abusion On m'a menti par grant malice (Mir. fille roy, c.1379, 105). Mais ad fin, beaux seigneurs, que nulle abusion Vous ne puissiez avoir en la nostre chanson (Cip. Vignevaux W., p.1400, 206). C'est tout truffe et abusion De Jhesus, le predicateur ; C'est ung broulleur, ung seducteur Et, par telz faiz, le peuple affolle. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 190). Qu'il vous plaise d'avoir pitié Du peuple qui est mamené En la Val d'Oste et d'environ, Pour la mavaise abusion De l'ydole de Jupiter Ramply du dyable de l'enfer, Qui abuse les simple gens. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 58). ...et ne se troublent es folles bobances et grans abusions de court (Abuzé D., c.1450-1470, 30). ...les histoires anciennes (...) font mencion de diverses tromperies, cauteles, abusions et deceptions (C.N.N., c.1456-1467, 255). Se ne sont pas abusïons Que je vous dy, ne mocqueries. (Path. D., c.1456-1469, 174). ...semble que le bon plaisir du Roy soit de despescher les ambassadeurs qui sont icy, leur remonstrant l'amour qu'il a tousjours eue audit duc et les parolles que lui ont rapportés de par lui, lesquelles ne sont questions, et qu'il cognoisse qu'il ne l'a servy que d'abusions et n'a charché ne charche que de leur[rer] temps (Roi René vie L., c.1462, 296-297). Pour finale conclusion L'omme qui ne crient n'est pas sage. Le monde est plain d'abusion Ce n'est qu'ung doloureux passage. (Le Mors de la pomme, éd. F.-E. Schneegans., a.1468. In : Romania 46, 1920, 569). Or alez faire diligence D'en sçavoir la conclusion, Affin que quelque abusion Ne nous peust trop soubdain surprandre. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 171). ...mais disoit qu'il creoit que ledit de Clerieux ne le dissist pas si ses seigneurs ne luy eussent dit, qui confirmoit l'abuzion (COMM., III, 1495-1498, 291). Affin que plus ne me dehaicte L'Ennemy par abusion Ne par sa faulce illusion En quoy bien souvant il me tient (LA VIGNE, S.M., 1496, 384).

6

ACCESSOIRE   
1.

[P. oppos. à principal] "Ce qui n'est pas la cause principale d'une accusation, d'un procès, d'une querelle" : C'est chose certaine que a l'Eglyse appartient la cognoiscence dez crimes dez clers et ne s'en puent entremettre lez juges seculiers dez choses amblees par lez clers, car, [a] celluy a qui appartient la cognoiscence du principal, appartient aussi la cognoiscence de l'accessoire. (Songe verg. S., t.2, 1378, 183). ...on peut veoir et cognoistre (...) le grant tort et desraison des Anglois ou principal et en l'accessoire du procés (JEAN DE MONTREUIL, Traité Angl. I, G.O.O., 1413, 215). Je sauroye voulentiers, se ung a promis par sa foy et serement aucune chose devant ung tabellion royal, et il se parjure en venant contre son serement, se c'est pas peschié, et se il est pas parjure ? Le juge lay le absouldra il du peschié ? Il n'est pas prestre et c'est accessoire du parjurement (JUV. URS., Verba, 1452, 363). LE JUGE. (...) Laissez en paix ceste assessoire Et venons au principal. (Path. D., c.1456-1469, 166).

7

ACCORDER   
.

"Faire un accord" : Va t'en, je n'en acorderay, Par Dieu, ne n'en appointeray Qu'ainsi que le juge fera. (Path. D., c.1456-1469, 142).

8

ACCORDER   
.

"Se mettre d'accord" : Mon seigneur, acordons ensemble, Pour Dieu, que je ne plaide point ! (Path. D., c.1456-1469, 142).

9

ACCOUCHER   
.

P. plaisant. : Je sçay bien qu'elle est acouchee De vingt et quatre guiterneaux (Path. D., c.1456-1469, 122).

10

ACCROIRE   
1.

Au propre : Et les gens du pais Picars ne leur voulloient riens acroire (Chron. Valois L., c.1377-1397, 205). Je n'ay point aprins que je donge Mes draps, en dormant ne veillant, A nul, tant soit mon bienveillant ; Je ne les eusse point acreues. (Path. D., c.1456-1469, 116). Trois compaignons de ladicte ville, qui hantoient les tavernes, vindrent à ung tavernier à qui ilz devoyent, luy priant qu'il leur accreüst encores ung escot, et que, avant deux jours, le payeroient du tout (COMM., II, 1489-1491, 21).

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ACCROIRE   
-

Empl. abs. "Faire crédit" : On dit souvent : "Qui riens ne porte Riens ne lui chet" et on le croit. En cela point ne me deporte Pour ung party qui me recroit, Mais d'aultre part qui plus acroit Aussi est il trop plus abstraint. Qui trop embrasse peu estraint. (CHAST., Temps rec. D., 1451, 44). ...il fait mal d'acroire, Ce sçavez vous bien, a l'estraine. (Path. D., c.1456-1469, 76).

12

ACHEVER   
a)

[Une action] : Je cuidoie cy demourer Pour ma penitence achever (Mir. enf. diable, c.1339, 41). ...ly conseaul del citeit [de Liège] est trop large ; car ilh y at bien IIc personnes de conseilhe, dont les XX à election achiveroient mies ["mieux"] les besongnes touchantes al citeit et à paiis que les IIc, car multitude engenre confusion. (HEMRICOURT, Patron Temp. B., c.1360-1399, 56). Remondin ala ouïr messe a l'abbaye du Moustier, et la pria Dieu qu'il lui laissast son fait achever, au salut de l'ame et prouffit et honneur du corps, et demoura en sa devocion au Moutier jusques après heure de prime. (ARRAS, c.1392-1393, 33). Des maleureux porte le pris, Servant Dame loyalle et belle, Qui, pour mourir en la querelle, N'ascheve ce qu'a antrepris. (CH. D'ORLÉANS, Chans. C., c.1415-1440, 249). ...laquelle chose ne fu mie lors achevée, ne acomplie ou parfaicte, mais fu continuée jusques à lendemain (FAUQ., I, 1417-1420, 324). ...il n'y avoit que ung quart de heure pour achefver ung proces (JUV. URS., Nescio, 1445, 518). Alons au saint temple achever Nos oblacions sainctement, A celle fin que dignement Le grant Dieu les vueille accepter. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 113). Quant Marse la pucelle eut entendu la bonne affection que le chevalier avoit pour aidier toute bonne pucelle et les resconforter, elle dist en lui meismes que sa besoingne estoit a moitié achevee (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 101). ...amprés ce que le bon roy Rambaux de Frise eust achevé le bastiment et fondacion de son hospital il se sentit fort grevé et debilité de sa personne. (Rambaux Frise S., c.1450-1475, 81). Mon advocat vient, qui acheve Ung peu de chose qu'il faisoit (Path. D., c.1456-1469, 156). Tout bruyt sera present cessé Affin d'achever par loisir Ce que nous avons commancé. Devant que le jour soit passé, Verrez la fin de nostre jeu (LA VIGNE, S.M., 1496, 445). ...quant ledit conte eut achevé sa devocion (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 144).

13

ACHEVER   
2.

Achever de + inf. : Avant, achevez de plaider. (Path. D., c.1456-1469, 160). Puis le roy de France assiégea Harefleur, Honnefleur, Bayeux et toutes les menues places d'environ (...). Et aprez le Roy acheva de conquerir toute la duchié de Normandie legièrement ; car il n'y eust plus riens qui y peust resister. (BUEIL, II, 1461-1466, 148). Or est-il temps que je achève de declairer qui mouvoit ledict connestable (COMM., I, 1489-1491, 179). ...et, ainsi que le cousturier achevoit de le couldre, voulant couper son fil à la lumiere qui estoit jouxte lui, en une lanterne, le feu courut par le fil, ainçois qu'il l'aperceust jusques au lincieul, lequel lincieul incontinent fut esprins si très fort que merveilles ne po souffler tousjours plus s'alumoit (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 151 r°).

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ACQUÊT   
B. -

"Gain, profit" : ...ce n'est pas m'entente Que de ceens maishuy me parte Pour aquest qu'avoir puisse ou parte. (Mir. mère pape, c.1355, 393). Prendre aquest de monnoie par monnoie est une maniere de usure, et usure est contre nature (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 67). ...tant qu'il aviengne (...) que puisse de mon acquest Rendre au juif ce qui sien est (Mir. march. juif, c.1377, 194). ...elle a acheté aucuns biens comme pailes d'arain, escueles et plas d'estain, quant elle y veoit son acquest, et pour en faire son prouffit les a revendus ès hales. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 427). Le Deable fait six commandemens a l'avaricieux : le premier, que il garde tresbien le sien ; le second, qu'il ne le preste sans acquest, ne n'en face bien devant sa mort (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 34). Elle ne voulut ne osa la plus demourer, pour acquest qu'elle y feist (C.N.N., c.1456-1467, 195). Car premièrement, avant qu'il fust nouvelles de lui, il prinst la hardiesse d'aller seul, fors la compaignie de son paige, en guettant et visitant s'il trouveroit aucun peu d'acquest sur ceulx du party contraire. Si alla et vint tant de fois qu'il conquesta les chièvres de la forteresse de Verset. (BUEIL, I, 1461-1466, 24). Vous avés mis corps, chevance et amis Contre ennemis, s'en avés peu d'acquest (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 174). SATHAN. (...) Ce Nicolas contrepenser Vient tousjours contre mon conquest. Je ne sçay trouver tant d'acquest Que ung arrest Ne soit par Nicolas tout prest. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 147). ...ilz n'y peuent trouver acquest. (Sots gard., a.1488, 105). Sy Dieu n'eust delaissé ledict duc, il n'est pas apparent que il se fust mis en peril pour si peu de chose, veües les offres qui luy avoyent esté faictes, et contre telz gens, où il ne povoit avoir nul acquest ne nulle gloire. (COMM., II, 1489-1491, 105). Ilz estoyent bien en nombre huyt cens lances, (...) Tous gentilz hommes dignes de grans vaillances Pour tost avoir d'un pays le conquest Sans regarder au gaing ne a l'aquest, Mais aux honneurs et louenges famees (LA VIGNE, V.N., p.1495, 212). Chacune personne est haictee Illec parler a son devis, Et n'est meilleur lieu a devis Que l'eglise pour ses quaquetz Tenir, pensant avoir acquetz. (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 269).

Rem. Dans l'ex. suiv., Peu d'acquest est le nom d'un personnage de farce qui représente le pauvre (d'apr. Éd.) :  : Avecques luy ? Je cuideroye Que ce fust trestoute froidure : C'est Peu d'aquest (Path. D., c.1456-1469, 170).

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ADVENIR   
-

Empl. abs. "Venir, arriver" : Et quant elle vey qu'elle ne pouoit plus illecq demourer que ses soeurs n'avenissent pour l'emmener, Amours, a qui elle estoit subgette, l'advisa d'un moult engigneux conseil pour eschever celle adventure (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 141). Dieu puist advenir ! (Path. D., c.1456-1469, 144). ...et on fait aucuneffoys plus à cincq cens hommes que on ne feroit à deux mille une autreffoys. Pour attendre noz gens advenir, nous l'avons perdu. Et nous eussions peu faire quelque chose (BUEIL, II, 1461-1466, 93). La main Luy mectrez dessus la poitryne, En luy affermant que demain Le doibt venir voir sa cousine ; Et advenra quelque voisine Pour luy donner alegement. (LA VIGNE, Munyer T., 1496, 216).

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ADVENIR   
.

[Dans une prop. hypothétique] (Il) advient + prop. complét. au subj. : Et s'il advient aussi que vous dormiez dedens le terme, sachiez seurement que vous demourrez cy tout vostre vivant. (ARRAS, c.1392-1393, 303). Or faut il donc que le mien face Se je vueil faire mon devoir, Mais s'il advient que je trespasse De l'acomplir, c'est assavoir : Chascun scet que suis prisonnier Et je scay bien trop que la gent Ne fait riens que pour le denier (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 127). ...s'il advenoit que la royne sa femme le survesquist [le roi] (JUV. URS., T. crest., c.1446, 58). S'il advenoit qu'on vous ouÿst, Autant vauldroit qu'on s'en fouÿst (Path. D., c.1456-1469, 120). ...s'il advient que ung seul mot D'aventure ysse de mes dens, Vous direz qu'elle est hors du sens (P. Jouh. D.R., a.1488, 39). ...s'il advient que aucuns facent le contraire (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 342).

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ADVERSE   
b)

DR. "Partie contre laquelle on est en procès" : ...il appiert que tel champ soit deffendu, car, ou vous me dirés que tel champ est lysible en cause criminele, ou en cause civile. (...) En cause criminele, non, car, ou la partie demanderesse preuve clerement son entante et, adonques, sa partie adverse doit estre condempnee (...) ou il est vehemente presumpcion contre le deffendeur... (Songe verg. S., t.1, 1378, 351). ...se j'ay journée assignée à prouver et je fay defaulte à la journée de la prouve, ou que je soie present et je n'aye fait aucune diligence d'adjourner ou admener mes tesmoins, je suys cheuz de ma prouve par tesmoins ; toutes voies ma partie adverse sera tenue de respondre par serement à un chascun article de mon entencion. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 138). ...a ce que nous semble il ne serroit pas honest que les messages de nostre partie vendroient au dit jour sanz ce que les commissairs de la partie adverse feussent a mesme le jour. (Lettres agn. L., c.1393, 180). La conté messires Robers d'Artois proposoit et calengoit conme sienne, car il en venoit d'estration. Mais la male roine de France, fenme au roi Phelippe, aidoit trop fort son averse partie (FROISS., Chron. D., p.1400, 196). ...maistre Loiz Blanchet, prisonnier (...) demourra en cest estat jusques à lundi prouchain, et ce pendent sa partie adverse verra les lettres par lui impetrées. (BAYE, I, 1400-1410, 145). ...la raison paree par fait d'avocacie, Condempnent bien souvent son adverse partie. (Galien D.B., c.1400-1500, 30). Encores voullons et ordonnons que le demandeur ou appellant doye dire, ou faire dire par ung advocat, son propos devant nous, ou son juge compettent, contre sa partie adverse et lui present. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 210). Que donras tu se je renverse Le droit de ta partie adverse, Et se l'en t'en envoye assoubz ? (Path. D., c.1456-1469, 148). ...faictes lui administrer raison et justice par gens notables non suspectz ne favorables à ses parties adverses, et que doresenavant il ne soit plus prevenu par devant quelconque juge que ce soit, que par devant le potestat qui à present est ou sera pour le temps advenir de ladicte ville. (Lettres Louis XI, V., t.3, 1467, 132). LE JUGE. Contre vous nully mot ne sonne ; Qui est vostre adverse partye ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 518).

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AFFAIRE   
-

[Avec un poss.] : Se vous depri devotement (...) Ma dame, qu'il vous vueille plaire Que je sache de vostre affaire Vostre nom et vostre venue, Et comment estes ci venue (MACH., R. Fort., c.1341, 77). Et ma dame m'arraisonna Et d'encoste li me mena, En demandant de mon affaire, Einsi comme elle soloit faire (MACH., R. Fort., c.1341, 129). Au penancier du pape irez, Si li direz tout vostre affaire. (Mir. mère pape, c.1355, 356). Car j'estoie ses secretaires En trestous ses plus gros affaires. (MACH., P. Alex., p.1369, 25). Si ay oÿ, Guillaume, je te di, Que Nature, qui tout fait par maistrie, T'a dit qu'a part t'a volu faire Pour faire dis nouviaus de mon affaire. Pour ce t'ameinne ici en pourvëance, Pour toy donner matere a ce parfaire, Mes trois enfans [d'Amour] en douce contenance : C'est Dous Penser, Plaisance et Esperance. (MACH., Prol., c.1377, 4). "Miroir des dames marïees", Que j'ay emprises a rigmer Affin que l'en s'i puist mirer, Et que pregnent en passïence Celles a qui vient pestillence ; Car qui bonne parole entent, S'a lui ne tient, il en attent Aucun prouffit en son affaire. (Gris., 1395, 2). Compains, pour certain ton affaire Est bon et bel, je m'y accort ; Si te confesse que j'ay tort Et tu as bon droit et raison. (Gris., 1395, 47). Car bien souvent on est deffait Par trop declairer son affaire. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 199). ...sy se fist la noble dame de ce jour avant nommer Phlipot, et tant secretement conduissoient leurs affairez que jamais n'eussent esté recongneus, car de leur partement d'Arras ilz s'estoient frottez lez visagez (Comte Artois S., c.1453-1467, 105). ...au plaisir de Dieu et de sa glorieuse mère, à qui je recommande mon corps, mon ame et tous mes affaires. (Doc. 1454. In : ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 186). ...quand il vit son point, il donna la bonne nuyt a madame (...) et s'en retourne a son molin, pensant au surplus de son affaire. (C.N.N., c.1456-1467, 44). ...Amour, qui bande les yeulx de ses serviteurs, les bouscha si tresbien que la ou ilz cuidoient le plus secretement de leurs amoureux affaires conclure et deviser, chacun s'en parcevoit. (C.N.N., c.1456-1467, 163). Es tu fol ? Dy moy ton affaire. (Path. D., c.1456-1469, 170). Ainsi qu'il [le lieutenant général du royaume] voulust marchier, le cappitaine de Crathor, le Jouvencel, le sire de Rocqueton et le Mareschal prindrent congié de lui et luy dirent beaucoup de belles parolles et notables, en luy recommandant le païs et leurs personnes et leurs affaires, et en le remerciant très humblement de l'honneur qu'il avoit fait au Jouvencel. (BUEIL, II, 1461-1466, 6). Ainsi se despartirent d'une part et d'aultre, et s'en alla chascun à son affaire, le conte devers le Roy et les aultres à la ville. (BUEIL, II, 1461-1466, 7). Et le Roy donna audience à qui la voullut avoir, bonne et grande, affin que chascun lui peust parler de ses affaires ; et fut plus de XV jours ou trois sepmaines qu'il ne voullut entendre à autre chose que à les ouyr en leurs fais et affaires. Ainsi partirent bien contens du Roy et de tout son conseil. (BUEIL, II, 1461-1466, 172). Je vous diray tout mon affaire (Feste roys, c.1475-1500, 303). Maistre Symon de Perre Couverte, du diocese d'Orleans, appellé par les Gantoys pour conseiller leurs afferes, comme homme ellegand, grant astronomien et homme de bonne estyme, veritable en plusieurs ses jugemens generaulx et particuliers. à ceste cause, fut en ce temps esleu de la communité pour remonstrer au conte Loys leurs afferes et excuses et, pour ce qu'il estoit chevalier de nom et de fait, en print la charge (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, 158).

19

AFFERMER1      | 2   
1.

"Déclarer, énoncer pour vrai, pour certain" : Il est certain, et je l'afferme, Qu'en cuer de femme n'a riens ferme, Rien seür, rien d'estableté, Fors toute variableté. (MACH., J. R. Nav., 1349, 240). Les choses donques que les poetez dient avoir esté avant Rome fondee, lesqueles ont plus esté bailliés par maniere de fable que de choses veritablement faitez, n'enten je pas blasmer ni affremer (BERS., I, 1, c.1354-1359, Préf. 6, 2). ...[Hugues de Cavrelée, mécontent d'être placé à l'arrière-garde] tenoit et affremoit ce pour son grant blasme (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 157). ...laquelle damoiselle ne fu pas defraudee de son desir, et dit publiquement et jura au roy, par tres grant serment qu'elle avoit veu et recongneu la royne, sa maistresse, et une des filles du roy en l'air en la compaignie des sains, et ainsi l'afremoit vrayement. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. G.-K., c.1384-1389, 65). ...se li ai oy dire et affremer, que a la ducee de Bretagne vous n'avés nul droit (FROISS., Chron. D., p.1400, 469). Mesires Joffrois afremoit les coses si acertes que il en fu creus (FROISS., Chron. D., p.1400, 862). Touteffois l'affermoit il quant il estoit en son bon sens (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 88). Je le vous prometz et afferme. (Path. D., c.1456-1469, 152). Par pluseurs manieres aucune chose est affermee de Dieu. Premierement par naturele raison (...) Secondement par foy (...) Tiercement par la sainte escripture. (Somme abr., c.1477-1481, 156).

20

AFFOLER1      | 2   
2.

Empl. intrans. ou pronom. "Perdre le sens, devenir fou" : Si comme aucuns que l'en dit amoureus ou amer par amours en tant que il en affolent et sont malades d'un mal que les medicins appellent amor hereas. (ORESME, E.A.C., c.1370, 372). Sans limonnier et sans lymons, Pour crestïens faire afoler, Haut en l'air me faictes voler. Or y perra que vous ferez. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 131). Ha ! il s'afolle ! (Path. D., c.1456-1469, 130). Mais il brusle et art en l'estude, Et parle aucunesfoys si hault Que mon sens et le sien y fault. J'affole quand il m'en souvient. (Maistre Mim. T., c.1480-1490, 252).

21

AFFOLER2      | 1   
1.

"Meurtrir, blesser grièvement, estropier, mutiler" : ...merencolie la fole Qui mains amans tue et afole. (MACH., D. Aler., a.1349, 367). Ces sont cil qe ount alee cy sur lour malveis piee et tant travaillé en male et en pecché, qe affolez sont avant qe garrir puissent et mortz de la male mort - c'est en le puys d'enfern entre touz les diables. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 221-222). Longuement dura li assaus. Li rois, Brimons et Percevaus, Li princes, sa gent et le conte, (...) Et li mareschal en tuerent Si grant plenté et afolerent, Qu'il gisoient mors et ocis, Là cent, là mil, là vint, là sis (MACH., P. Alex., p.1369, 75). Chascuns tint le bon branc d'acier ; Si les affolent et mehaingnent Et tuent tous ceuls qu'il ataingnent. (MACH., P. Alex., p.1369, 168). Bremons si vaillaument se monstre Que tous ceuls qu'il tient ou encontre Sont detaillié ou affolé, Mort, mehaingnié ou decolé. (MACH., P. Alex., p.1369, 207). ...li plus nice et li pis armé des Compagnes les afoloient, car il jettoient si roit et si ouniement ces pières et ces cailliaus sus ces gens d'armes qu'il n'i avoit si hardi ne si bien armé qui ne les ressongnast. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 68). ...à certain debat qui fut contre aucuns Alemans dudit lieu, il fu feru et navré ou bras, donc il est affolez à tousjours. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 374). ...icellui prisonnier est chargé (...) d'avoir fait sauldre les François, ou aucuns de ceulx que prins avoit (...) par quoy ilz estoient murdriz et affolez (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 203). Mais le porc tourne et se met au cours par telle maniere qu'il n'y ot chien ne chevalier ne homme qui n'en perdist la trace et veue, fors que le conte et son nepveu Remondin, qui estoit remontez et le suivoit si asprement devant le conte et devant tous que ly contes ot grant paour que ly porcs n'affoulast son nepveu, et lui escrie a haulte voix : Beau nepveu, laissiez ceste chace. Que maudiz soit qui la nous a annonciee, car, se cilz filz de truye vous affolle, je ne auray jamais joye. (ARRAS, c.1392-1393, 19). ...et ce n'estoit que ceux qui ainsi les guettent feussent garnis d'espée ou coustel, ils seroient souvent en adventure d'estre affollez de leurs personnes (Mét. corp. Paris L., t.1, 1410, 651). ...puis [ilz] s'en retournerent en leurs maisons, sans le notifier a justice, pour doubte que lesdis brigans ou leurs complices ne les affolassent ou meissent a mort. (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1425, 185). Auquel logis devant Corbueil messire Mauroy de Saint-Léger fut féru d'un vireton parmy la jambe si angoisseusement qu'il en demoura affolé et en clocha grandement tout le temps de sa vie. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 227). ...se icellui suppliant ne se feust mis a defense, l'eussent tué ou au moins très griefment affole et blecié. (Chron. Mt-St-Mich. L., t.1, Pièces div., 1426, 252). ...une povre femme que ung des chevaux de MdS avoit affolée et rompu le bras (Comptes Lille L., t.1, 1438-1439, 358). Prenons qu'il [en] ait affolé Six ou sept, ou une douzaine (Path. D., c.1456-1469, 178). ...le chastel Saint-Henry, qui estoit grant et spacieux, fort et puissant, fondit et perit ; et ne eschappa d'icellui chastel que cinq personnes vivans, qui furent villainement affolez et percluz de leurs membres (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 346). ...tous les capitaines Y deschausserent leurs mitaines De fer, de peur de m'affoler (Fr. arch. B., c.1468-1480, 33). Et pour les rues le fire chemener, Mais il estoit tant batuz et tormenter Que pourter plus il ne pouvoit La croix que sy fort l'afouloit. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 106).

22

AGA   
"Voyons" : LE DRAPPIER. (...) Vray est que maistre Pierre a prins Six aulnes de drap aujourd'huy. GUILLEMETTE. Et qu'esse cy ? Esse a meshuy ? Dyable y ait part ! Aga, qué "prendre" ? (Path. D., c.1456-1469, 102). [L'Éd. reprend en note, p. 224, un commentaire de H. Lewicka concernant cette graphie : «impératif abrégé d'agarder, forme dialectale de regarder, a été selon Moisy très usitée en Normandie. Cependant, elle a dû pénétrer dans le langage parisien...»]

23

AGNEAU   
-

Agneau de lait. "Agneau qui tête encore" : PATHELIN. (...) Comment esse que l'en t'appelle ? LE BERGIER. Par saint Mor, Thibault l'Aignelet. PATHELIN. L'Aignelet, maint aigneau de let Luy as cabassé ["chapardé"] a ton maistre ! LE BERGIER. Par mon serment, il peult bien estre Que j'en ay mangié plus de trente En trois ans. (Path. D., c.1456-1469, 148).

24

AJOURNÉE   
B. -

DR. "Assignation en justice à un jour déterminé" : On me piquera en default Se je ne vois a m'ajournee (Path. D., c.1456-1469, 144). LE CRESTIEN. Vela ces cent escus en couche [dans le bâton creux]. Je m'en revois en m'ajournee. LE JUIF. L'heure avons par trop sejournee ; Le juge nous ferons atendre. MATHATIEL. On dit qu'il fault ou pendre ou rendre. Je ne sçay lequel ce sera, Mais le juge en appointera, Moyen beati garniti (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 127).

25

AJOURNER   
-

Faire ajourner qqn. "Faire comparaître qqn" : Notre amé et féal Guy de Laval et de Vitré, chevalier, nous a donné à entendre que Jean Ouvrouin avoint fait ajourner et mis en clain le dit sire de Laval èz assise du Mans (Cartul. Laval B., t.2, 1346, 219). Sy le fist en celle très grant douleur adjourner devant le Senat (LA SALE, Sale D., 1451, 152). ...Jehan Dauvet, auquel nous eussions donné pouvoir entre choses de mettre ou faire mettre en nostre main et en criées et subhastations les héritages et biens immeubles dudict Jacques Cuer, et d'adjourner ou faire adjourner les opposans aux dictes criées par devant noz amez et féaulx les Conseillers de France ou nos conseillers sur le faict de la justice de nostre Thrésor en leur auditoire à Paris (Doc. 1453. In : Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 14). Que mauldit soit il qui ajourne Telz folz ne ne fait ajourner ! (Path. D., c.1456-1469, 172).

26

AJOURNERIE   
DR. "Assignation en justice à un jour déterminé" : Il m'a parlé de vous, mon maistre, Je ne sçay quelle adjournerie... (Path. D., c.1456-1469, 140). [Seul ex.]

27

ALLER   
.

C'est bien allé ! "Quel beau coup !" : C'est bien alé ! Le beau nisi Ou ung brevet y ont oeuvré (Path. D., c.1456-1469, 84).

28

ALLOUER1      | 2   
-

Empl. abs. "Salarier" : ...s'il c'estoit joué A le tenir sans alouer... (Path. D., c.1456-1469, 158).

29

ALLOUER1      | 2   
a)

"Serviteur à louage, celui qui est engagé au service de qqn" : Vien t'en, tu es mon alloué (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1428, 107). Estoit il point vostre aloué ? (Path. D., c.1456-1469, 158). Aussi [suis-] je vostre alloué Deux ans sans loyer. (Coust. Esop. T., c.1500, 153).

30

AMASSER   
a)

"Accumuler (des biens, des richesses)" : Car grant scens ne fin or en masse, Dont Juno a tant et amasse, Ne valent en ceste besongne, S'il ne me plaist, une escalongne. (MACH., F. am., c.1361, 207). ...prier pour les trespassez Qui ont acquis et amassez Les biens dont j'ay si largement (Mir. chan., c.1361, 144). ...et me feray du nombre Des povres pour ma vie avoir, Ne quier amasser autre avoir (Mir. st Alexis, 1382, 323). ...plus engrans (...) d'amasser argent en somme (DESCH., M.M., c.1385-1403, 153). Par celle porte fault passer Qui grant avoir veult amasser, Sanz lui nul bien ne se chevit (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 79). Pour quelque paine que je mette A cabasser n'a ramasser, Nous ne pouons rien amasser (Path. D., c.1456-1469, 48).

31

AMOUR1      | 2   
.

[Empl. gén. exclam.] Par amour (fine) / par bonne / fine / grand amour. "De grâce, s'il vous plaît" : SUER YSABEL. (...) s'elle savoit conment Nous nous sommes pour lui penées, Que nous arions males soldées Huy au retour ! SEUR MARIE. Suer Ysabel, par grant amour Gardez que semblant n'en faciez (Mir. abbeesse, 1340, 80). HERIPPÉ. Amis, detrier Nous souffrez un petit icy, Mon frére et moy et vous aussi, Par fine amour. PREMIER SERGENT. Mais que ne faciez long demour (Mir. st Panth., 1364, 362). (Maistre Jehan parle.) Mon maistre le prescheour, Je vous prie par bonne amour Qu'encorez dittes un pou plus (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 54). Dittes, je vous prie, sans sorner, Par amour, faictes moy venir maistre Pierre. (Path. D., c.1456-1469, 98).

32

ANGOISSE   
.

Par les angoisses Dieu (Juron). "Par les tourments que J. C. a endurés lors de la Passion" : Par les angoisses Dieu, moy lasse ! (Path. D., c.1456-1469, 130).

33

ANNÉE   
-

[En cont. nég. ou hyp.] ... de l'année : ...regnie je bieu se j'acroix De l'annee drap ! (Path. D., c.1456-1469, 126).

34

ANTE   
-

Belle ante : ...de ci m'en iray, Je croy, chiez ma belle ante Thiesce (Mir. Theod., 1357, 103). Derechief, la loy dit que, quant le fieu doit venir a fame par convenant, se celluy qui fait tel convenant va de vie a trespassement et laisse deux filles sanz aucun malle, se l'une dez fillez ait un filz malle, celluy filz exclurra et deboutera hors de la succession l'autre fille qui est sa belle ante, qui est grant mervaille puis qu'elle povet, par le convenant de son pere, succeder (Songe verg. S., t.1, 1378, 251). Or, sire, la bonne Laurence, Vostre belle ante, morut elle ? (Path. D., c.1456-1469, 62). Il eust ung oncle lymosin Qui fut frere de sa belle ante (Path. D., c.1456-1469, 104). Illec vindrent seurs et cousines, Oncles, nepveux, fréres, bel'antes (Amant cord. M., 1490, 79).

35

ANTE   
-

Belle ante : ...de ci m'en iray, Je croy, chiez ma belle ante Thiesce (Mir. Theod., 1357, 103). Derechief, la loy dit que, quant le fieu doit venir a fame par convenant, se celluy qui fait tel convenant va de vie a trespassement et laisse deux filles sanz aucun malle, se l'une dez fillez ait un filz malle, celluy filz exclurra et deboutera hors de la succession l'autre fille qui est sa belle ante, qui est grant mervaille puis qu'elle povet, par le convenant de son pere, succeder (Songe verg. S., t.1, 1378, 251). Or, sire, la bonne Laurence, Vostre belle ante, morut elle ? (Path. D., c.1456-1469, 62). Il eust ung oncle lymosin Qui fut frere de sa belle ante (Path. D., c.1456-1469, 104). Illec vindrent seurs et cousines, Oncles, nepveux, fréres, bel'antes (Amant cord. M., 1490, 79).

36

APERTEMENT1      | 2   
B. -

[Avec des verbes comme voir / signifier...] "D'une manière évidente, claire" : Car je say que briément sarez Et verrez tout appertement Ce que je di couvertement (Mir. ev. N.D., c.1348, 67). Mais je vi bien apertement Qu'estre ne pooit autrement Que muër ne le couvenist, Quelque grief qu'il m'en avenist. (MACH., D. Aler., a.1349, 282). Je croy que folie seroit, Nom pas folie seulement, Mais on diroit apertement Que ce seroit grant derverie (MACH., D. Aler., a.1349, 302). Et si verrez appertement Qu'Amours a ce vous forcera Que sien soiez entierement. (Cent ball. R., c.1388-1396, 74). Quant le roy eut ces vers leus si hault que les chevaliers qui la estoient les eurent plainement entendus, moult en furent esbahis, car tout appertement signiffioient la destruction du royaume. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 399). Mais quant Themistoclès vist appertement la destruction de son pays, - car (...) sçavoit bien que la cité contre leur povoir ne pourroit resister... (LA SALE, Sale D., 1451, 101). ...s'il n'eust eu les yeulx bandez et couvers, il povoit veoir apertement ce dont ung aultre a qui rien ne touchoit se perceut a l'oeil. (C.N.N., c.1456-1467, 253). Or concluez appertement. (Path. D., c.1456-1469, 168).

37

APLOMBER   
IV. -

Part. passé en empl. adj. "Endormi" : De ceste coignïe (j') assomme (Les) clers au moustier et aplomme ; Si pesans et si aplommes Les fais que, s'estoient pesez, Vendre les pourroit on a pois Et un en peseroit bien .III. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 224). Pardonnez moy, je n'ose Parler hault : je croy qu'il repose, Il est ung petit aplommé. (Path. D., c.1456-1469, 96). Despuis que Adam fut formé, Dieu de l'une des costes dextre D'Adam dormant et aploumé, Feit Eve en paradis terrestre. (MART. D'AUV., Mat. Vierge L.H., c.1477-1483, 10).

38

APPAROIR   
b)

En partic. [D'un discours] "Devenir ou être clair, compréhensible" : Il ne parle pas crestïen Ne nul langaige qui apere. (Path. D., c.1456-1469, 134). Et, pour ce qu'il estoit enfermé en l'une des tours principalles de la ville de Crathor, en icelle pourgecta, advisa et ymagina la prinse de la ville, ainsi qu'il est recité ou chappitre ensieuvant. Et par ainsi puet apparoir l'auctorité du proverbe, mys au commencement de ce chappitre, touchant les difficultez que fortune baille et presente à ceulx qu'elle vuelt pourveoir en la fin. (BUEIL, I, 1461-1466, 77). Comme dist ung sage : dy moy ou adonc estoit Dieu quant riens n'estoit que lui seul. Et respond a sa demande : il estoit adont ou il est maintenant, en soy mesmes. Par quoy puet apparoir la solution de la question que font aucuns simples ou estoit Dieu avant que le monde fust. (Somme abr., c.1477-1481, 139).

39

APPLIQUER   
4.

S'appliquer à/de/pour + inf. "Prendre soin de, s'appliquer à" + inf. : N'i ait celui qui ne s'aplique Pour aourer l'idole d'or. Et se vous commandons encor Que chascuns a terre s'estende Et honneur et gloire li rende (MACH., C. ami, 1357, 19). Bien est raison que je m'aplique A faire leur bon plaisir, si que Je n'i mesprengne ne mefface. (MACH., Prol., c.1377, 11). Mais Belinant son frere estoit contraire en tous ces fais, veu que tout son vivant il commanda a ses enffans que ilz eschievassent a faire mal et qu'ilz se applicquassent a faire bonnes operations. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 203). S'il [escouvient] que je m'aplicque A bouter avant ma praticque, On ne sçaura trouver mon per. (Path. D., c.1456-1469, 50). Pour quoy chascun de vous s'aplicque Et tout par maniere d'esbatz A revisiter la fabricque Desormais par tout hault et bas. (Sots mal., c.1480, 89). Que chascun desormais s'applique De jouer ung tour de finesse. (LA VIGNE, S.M., 1496, 269). S'il est force que je m'aplique Encor ung coup a le tempter (LA VIGNE, S.M., 1496, 515).

40

APPOINTEMENT1      | 2   
b)

"Arrangement ; tour, ruse" : J'ay pensé bon appointtement (Path. D., c.1456-1469, 90).

41

APPOINTER1      | 2   
d)

Appointer de/sur qqc. "Décider, trancher à propos de qqc." : Et trouva son frere et sa soeur en grant debat pour la couronne, dont la bataille fut prinse qui ne fut point oultree a cause des huit preudhommes, comme dit est, qui s'en meslerent, lesquelz prindrent la chose sus eulx pour en apointier. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 329). Aultres mises et despenses tant pour debtes que debvoit le dit deffunct que autrement (...) Item, pour despense faicte en l'ostel de maistre Richard Le Tor, officier de monsieur le doyen de Beauvais, pour appointer avec lui de ce qu'il povoit appartenir au dict monsieur le doyen, a cause du trespas du dict deffunct (Invent. test. beauv. L., 1452, 82). ...je vous prie, appoinctez sur le different et rendez vostre sentence diffinitive. (C.N.N., c.1456-1467, 501). Va t'en, je n'en acorderay, Par Dieu, ne n'en appointeray Qu'ainsi que le juge fera. (Path. D., c.1456-1469, 142). On dit qu'il fault ou pendre ou rendre. Je ne sçay lequel ce sera, Mais le juge en appointera, Moyen beati garniti. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 127).

42

APPRENDRE   
-

[Avec que] : ...je ne sçay se je songe, Je n'ay point aprins que je donge Mes draps, en dormant ne veillant, A nul, tant soit mon bienveillant (Path. D., c.1456-1469, 116). Je n'ay point aprins qu'on me serve De telz motz en mon drap vendant. (Path. D., c.1456-1469, 122). ...car il luy [l. il y] a longtemps que je suis à la guerre, et ay veu plusieurs jugemens en armes, mais je n'ay point aprins que les princes ne les chefz de guerre, qui ont charge de gens d'armes, en usassent en ceste maniere, et que, avant que proceder en telles matieres, qu'ilz ne fussent bien informés de la raison des parties. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 274).

43

APPRENDRE   
-

[Avec que] : ...je ne sçay se je songe, Je n'ay point aprins que je donge Mes draps, en dormant ne veillant, A nul, tant soit mon bienveillant (Path. D., c.1456-1469, 116). Je n'ay point aprins qu'on me serve De telz motz en mon drap vendant. (Path. D., c.1456-1469, 122). ...car il luy [l. il y] a longtemps que je suis à la guerre, et ay veu plusieurs jugemens en armes, mais je n'ay point aprins que les princes ne les chefz de guerre, qui ont charge de gens d'armes, en usassent en ceste maniere, et que, avant que proceder en telles matieres, qu'ilz ne fussent bien informés de la raison des parties. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 274).

44

APPRENDRE   
-

Apprendre à/en qqc. "S'instruire en, acquérir des connaissances, des capacités en" : Mais pas ne souloit ainsis estre Comme il est, en l'ancien temps : Les roys faisoient leurs enfans Apprandre es .VII. ars liberaulx (DESCH., M.M., c.1385-1403, 264). Lequel prisonnier (...) dit et afferma par son serement qu'il est nez de la ville de Bucy, près de Soissons, en laquelle ville et pays d'environ il a aprins à mestier de charpentier (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 27). Et les empereurs et roys de France anciennement faisoient apprendre leurs enffans a sciences, ad fin que entendement gouvernast et donnast au gouvernement de la chose publique (JUV. URS., Verba, 1452, 205). A qui veez vous que ne despesche Sa cause, se je m'y vueil mettre ? Et si n'aprins oncques a lettre Que ung peu (Path. D., c.1456-1469, 50).

45

APPRENDRE   
.

Apprendre à clerc. "Étudier afin de devenir clerc" : Aussy a il leu le grimaire Et aprins a clerc longue piece. (Path. D., c.1456-1469, 48).

46

APPRENDRE   
a)

Apprendre qqn. "Éduquer, instruire qqn" : Mais si grant fait n'oseroie entreprendre, Se je n'avoie avec moy prestement Vos trois enfans pour moy duire et aprendre, Com dit m'avez ici presentement. (MACH., Prol., c.1377, 3). Et, quant est a avoir lignie, Que tes amis te blame tant Pour les doleurs qu'on en attant D'eulx nourrir, apprandre et garder, Qui vouldroit a tout resgarder, Encor pour deux qui a mal tournent, .IIc. a bien faire s'atournent (DESCH., M.M., c.1385-1403, 291). C'est tout labour dessoubz la nue : Or leur fault vestir leurs enfans Et apprandre jusqu'ilz sont grans, Marier et donner du leur, Pour avoir estat et honeur (DESCH., M.M., c.1385-1403, 324). Aristote le sage et vieulx Fu son maistre, qui bien l'apprist (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 31). ...li maistres qui l'aprendera soit ossi tenus de paiier pour le pourfit qu'il ara dou dit aprentich, tant ou sollaire qu'il en prendera comme ou siervice des 6 sepmainez que chilz pour nient siervira, 10 s. au mettre en le dicte boiste, et avoecq que dis aprentis soit tenus de paiier 12 s. au clercq des dis compagnons pour lui escripre et registrer en leur pappiier. (Drap. Valenc. E., 1403, 54). Amours les ignorans aprent, Amours les sages enlumine, Amours les oultrageux reprent (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 121). LE DRAPPIER. Comment peult il porter le fes De tant parler ? Ha ! il s'afolle ! GUILLEMETTE. Celluy qui l'aprint a l'escole Estoit normant ; ainsi advient Qu'en la fin il luy en souvient. (Path. D., c.1456-1469, 130).

47

APPRENDRE   
-

"Porter à la connaissance de qqn [un mot, un texte] afin qu'il les retienne et soit éventuellement en mesure de les répéter" : ...pria tant et requist icellui Guïot qu'il aprint à elle qui parle, par cuer, l'euvangile mons. saint Jehan ; et laquelle, à ceste fin, elle a assez bien et compettement recitée de bouche. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 326). On lit en vng liure dung docteur grec vng mot qui signifie autant a dire comme congnois toy mesmes. Il y ot vng saige romain qui aprist ce mot a vng papegault et le donna a lempereur, cestuy oyseau disoit souuent a limperateur : congnois toy mesmes. (CIB., p.1451, 196). Dittes hardiement que j'afolle Se je dy huy aultre parolle A vous n'a quelque aultre personne, Pour quelque mot que l'en me sonne, Fors "bee" que vous m'avez aprins. (Path. D., c.1456-1469, 152).

48

APPRESSER   
4.

[D'une réf. temp., d'une échéance] "Être imminent" : ...l'heure s'apresse Qu'il fault son dernier sacrement ! (Path. D., c.1456-1469, 128).

49

ARDENT   
3.

Ardent de qqc. / ardent de + inf. "Plein du désir de, brûlant de l'envie de" : ...si que certes nulle beste vive n'y fust demouree se li consul n'eussent corné retraite et se les chevaliers, ardans d'occision, il n'eussent fait retraire des tentes des ennemis par commandement. (BERS., I, 9, c.1354-1359, 14.12, 26). ...tantost l'en leur commanda dire que il ne cuidassent point que li consul pour hayne de aucun chevalier les eussent fait retraire de l'occision des ennemis ne que li duc fussent mainz ardans et couvoiteux de leur tourment que il avoient esté de la bataille (BERS., I, 9, c.1354-1359, 14.14, 26). De tant estoit le dictateur plus ardans d'assaillir les mureilz de la ville, si prisa tant la bataille que il disoit que il combatoit unne cité (BERS., I, 9, c.1354-1359, 22.3, 40). ...[saint Pol] qui estoit tant ardant et fervent plus que feu enflammé de souffrir mort et passion pour l'amour de Jhesu Crist (GERS., P. Paul, a.1394, 500). Mais mon penser et ma langue arrestoye Et de faillir a parler me doubtoye, Ardant d'apprendre Et d'aucun bien recevoir et comprendre En si hault lieu ou Honneur se doit prendre, Ou j'estoye le plus nice et le mendre. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 158). Il estoit si ardant De demander... (Path. D., c.1456-1469, 118). Et, s'il estoit chault en ceste entreprinse, aussi le estoit son filz le Regent, pour ce que il leur estoit tousjours bien priz de leurs entreprises et qu'ilz estoient ardans et desirans de recouvrer la seigneurie qui estoit pour eulx, et que le cas leur touchoit. (BUEIL, II, 1461-1466, 225).

50

ARMER   
-

P. iron. Armer et blasonner qqn. "Dorer le blason à qqn (en fait, se moquer de lui)" : Par saincte Marie la belle, Je l'ay armé et blasonné Si qu'il le m'a presque donné. (Path. D., c.1456-1469, 86).

51

ARROI   
-

Tout d'un arroi. "D'un seul coup" : Car C. florins, tout d'un arroi, Rechuc a un seul don dou roi. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 56). ...qui vous aroit crachié Tous deux encontre la paroy D'une maniere et d'ung arroy, Si seriez vous sans difference. (Path. D., c.1456-1469, 62).

Rem. Dans l'ex. de Path., le sens est peut-être "de même manière".

52

ASSAYER   
-

[Introd. par un adj. interr.] "Goûter" : Au mains viendriez vous assaier quel vin je boy. (Path. D., c.1456-1469, 78).

53

ASSENER   
-

P. iron. Estre bien assené. "Être bien loti ; être bien avancé" : LE JUGE. Veez vous ? Suis je bien assené ! Il ne cessera huy de braire. (Path. D., c.1456-1469, 176).

Rem. Sur les différentes trad. proposées pour cet ex. : "assommé", "pourvu de bon sens", "dirigé", "bien servi", "bien placé", "bien renseigné", cf. F. Rauhut, Z. rom. Philol. 97, 1981, 276.

54

ASSEOIR   
1.

"(Être) en position assise" : Mais si tost qu'elle fu assise, Li lions qui moult l'aimme et prise Sus ses quatre piés se coucha (MACH., D. Lyon, 1342, 223). [le roi] En moult grant joie Estoit assis sur un tapis de soie (MACH., J. R. Nav., 1349, 113). ...pour li [l'evesque] compagnier assis A table près de li seront (Mir. march. juif, c.1377, 177). Item, il appert en exemple de ceulz qui sont assis a une table ronde, car se celui qui est a ma destre est en plus noble lieu que je ne sui et ainsi ensuianment des autres, donques, en procedant, il s'ensuit que je sui plus noblement assis que je meisme ne sui assis. (ORESME, C.M., c.1377, 348). ...soions diligens De regarder qu'entre les gens Que verrons estans ou assis Ou alans ne soit Alexis (Mir. st Alexis, 1382, 329). ...aval le paveillon avoit grant foison de tables drecies et moult de honnourables gens assiz. (ARRAS, c.1392-1393, 30). ...mon gros carreau à enregistrer aux jours de Plaidoiries miz sus le marchepiet de mon siege et moy assiz dessus. (BAYE, II, 1411-1417, 42). ...combien que nous tenons que ung juge assis doit donner sa sentence, toutesvoye il se esleva tout droit, en denotant que ung juge ne doit point flescher par dons ou prieres. (JUV. URS., Aud. illos, 1432, 33). Par Nostre Dame de Boulongne, Je tien que le juge est assis, Car il se siet tousjours a six Heures, ou illec environ. (Path. D., c.1456-1469, 154). Ainsi le bon temps regretons, Entre nous [la belle Heaumière et les autres], povres vielles soctes, Assises bas, a crouppetons, Tout en ung tas, comme peloctes, A petit feu de chenevoctes, Tost alumees, tost estainctes... Et jadiz fusmes si mignotes ! (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 57). Je vouldroyz que fussiés assis. Raby, seés vous en bonne heure ! (Pass. Auv., 1477, 149). LE .I. SERGENT. Arrivéz sommes de saison Au pletz ; voy le prevost assis. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 117). Le duc de Berry, frère du roy, presidoyt, assis en chaire, et tous les autres seigneurs debout. (COMM., I, 1489-1491, 55).

55

ASSOMMAGE   
"Action d'assommer [un animal]" : Jamais tu n'assomeras beste, Par ma foy, qu'il ne t'en souviengne. Tu me rendras, quoy qu'il adviengne, Six aulnes... dis je, l'essomage De mes bestes et le dommage Que tu m'as fait depuis dix ans. (Path. D., c.1456-1469, 140).

56

ASSOMMER1      | 2   
B. -

Assommer (un animal) "Abattre" : Olivier de Cliçon y fist bien sa journee, Tout ainsi c'un bouchier a sa beste asonmee, Gettoit tout devant lui a chiere forcenee ; Nul ne l'ose aprouchier qu'il n'entre en pute annee. (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 142). Jamais tu n'assomeras beste, par ma foy, qu'il ne t'en souviengne. (Path. D., c.1456-1469, 140).

57

ASSOTIR   
I. -

Empl. trans. Assotir qqn. "Rendre sot, fou" : Vrayement, cest homme m'assotist. (Path. D., c.1456-1469, 76).

58

ATTENTER   
.

Attenter à la personne de qqn : ...et, pour ce, requiert, considéré qu'il est en possession et habit de clerc, que l'en ne attempte en aucune maniere à sa personne, disant qu'il est clerc (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 51). La Court a defendu, à peinne de Xm livres, à Clignet de Breban qu'il ne transporte messire Lupart de Velus, ne n'attempte à sa personne. (BAYE, II, 1411-1417, 253). Benedicite, atenter Ne puist il ja a ma personne ! (Path. D., c.1456-1469, 136). ...et supposé que il [Jean d'Alençon] ne confesse pas que il eut aucune voulenté de attempter a vostre personne (JUV. URS., Exort., 1458, 410).

59

ATTRAIRE2      | 1   
-

Attrait de. "Issu de" : Hons atrait de petit ateur Puet bien venir a grant honeur Par son senz ou par destinee. Et hons atrait de riche court, Quant fortune vire son tour, Puet bien perdre sa renommee. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 137). Fille d'un vaillant chevalier, Attrait de moult noble lignie. (MACH., J. R. Nav., 1349, 213). ...nez suis et attraiz de noble astrattïon Et sui filz l'empereur de Rome amprés Noiron (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 255). Moult fu Brutus preudoms et sage Et astraict de noble lignage (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 192). ...et vous qui estes de France astrait et extrais, et qui en avés double parrie et devés principalment soustenir la couronne, vous vous en separés. (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 265). Ce fut la mere de son pere, Qui fut attraicte de Bretaigne. (Path. D., c.1456-1469, 134). ...mes uncles et antes ont esté atrais et natifs en la bien renommée cité de Sens (Invent. test. Surreau Foville F., 1476, 192). Et ansi le doye je faire pour l'amour de mon lignage duquel tu es yssu et attraict. (Beufves Hant. I., c.1499-1503, 82).

60

ATTRAPER   
b)

"Prendre, saisir qqc." : Ainsi est il, je m'en fais forte, De ce drap : vous l'avez happé Par blasonner, et attrappé En luy usant de beau langaige, Comme fist Renard du froumaige (Path. D., c.1456-1469, 90). Mais si je le povois atrapper [le blanc (pièce de monnaie)]! (Tr. Men., c.1480-1500, 290).

61

AUDITOIRE   
1.

"Juridiction, tribunal" : Mais l'en peut bien dire que ce sont aucunes sentences donnees en grans auditoires par jugement de multitude de sages et par pluseurs fois qui sont a tenir comme loys escriptes en cas semblables (ORESME, E.A.C., c.1370, 304). Donné par nous, Robert de Soissons, bailli de Rethelois, en nostre auditoire tenue à Maisieres en l'ostel de Jehan Montclin, clerc. (Trés. Reth. S.L., t.2, 1374, 212). ...ordonnons que d'ores en avant nul ne soit receu comme advocat en aucunes de noz cours de la chancelerie de noz bailliages, de noz auditoires et de nostre parlement ou d'autres noz commis, s'ilz ne sont esleuz ou esprouvéz comme souffisans et expers advocas par noz diz chancelier et bailliz, et l'election ou aprobacion du chancelier souffira en l'une de ces cours pour toutes les autres (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 71). Et pour ce donnons en mandement à noz amez et féaulx noz conseilliers gens de nostre parlement, au prévost de Paris et à tous aultres noz baillifs, prévostz, sénéchaulx et aultres justiciers, à leurs lieutenans et à chascun d'eulx si comme à eulx appartiendra, que noz présentes assercion, déclaracion, révocacion et ordonnances facent publiier affin que nulz ne puist de ce avoir ignorance, en leurs auditoires et en tous les aultres lieux à faire proclamacions et telz cas et aultres accoustumés en leurs juridictions et mètes, à son de trompe ou aultrement (Doc. 1413. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.6, c.1444-1453, 115). ...par vertu desdiz quatre deffaulx et des usaige, stille et coustume de la court et auditoire dudit chastellet (Cartul. Laval B., t.3, 1417, 35). Et par lesdiz usaiges et stille qui est conforme à raison, ung juge hors son audictoire en jugement ne peut bailler aucun adjournement ne excercer office de sergent en la juridicion dont il est juge (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 57). ...mais n'a, au territoire Ou nous tenons nostre auditoire, Homme plus saige fors le maire. (Path. D., c.1456-1469, 48). ...Jehan Chabrion lui a donné empeschement et en a mis en procés nostredict chappellain pardevant noz amez et feaulx conseillers les maistres des requestes, en leur auditoire de nostre palais à Paris (Lettres Ch. VIII, P., t.3, 1492, 277).

62

AUJOURD'HUI   
A. -

"Ce jour même" : ...et aujourd'uy ay esté confessé et ordonné par messire Guy Briere, chappelain de ceans. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 272). ...aujourd'ui a huit jours, de nuit, il qui parle, en sa compaignie Jehannin Porte-Pennier, Jehannin au Court-Bras et un nommé Symonnet (...) alerent au port au fain en Greve (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 367). Mon tres chier seigneur, je vous remercy de la tres grant honneur qui m'a aujourd'uy esté faicte de vostre noble lignie, et aussi de ce que vous celez si bien ce que vous m'avez en convenant a nostre premiere accoinctance. (ARRAS, c.1392-1393, 42). Bien doibt mettre sa peine que dignement puist remembrer tel salut, que reveremment le puist aujourd'hui presenter ! A qui ? A vous, Vierge tres digne (GERS., Annonc., a.1400, 228). Vesla vaillant contesse et qui bien scet guerriier et a fait aujourd'ui une grande emprise (FROISS., Chron. D., p.1400, 516). Aujourdui la Court m'a enjoint que je enregistrasse la cedule que me bailleroit maistre Jehan de Cessieres (BAYE, I, 1400-1410, 3). Se plus riche mil foiz estoye, Guerredonner ne vous pourroye (...) Ce que m'avez fait aujourduy (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 178). Je doubte moult quë aujourd'huy ne voye A mes estraines vers moy prendre leur voye Pour me mener grant guerre et grant bataille, Pour ce qu'avoir ne peuent de moy monnoye. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 122). ...il est aujourd'huy venu Et avons marchandé ensemble (Path. D., c.1456-1469, 112). Or ça, dist le cappitaine de Crathor, il vous en fault croire ; mais je vouldroye que vous eussiés les fièvres ; car se vous ne fussiés [venus], nous eussions aujourd'huy prins ceste place. Il nous en fault aller, puisque le jour est levé. (BUEIL, I, 1461-1466, 73). Dieu scet se tel mengera aujourd'huy ou non. (Somme abr., c.1477-1481, 167). CLAUDE. En petit d'eure Dieu labeure. JUGE. Aultre heure, pour toute remyse, Fors qu'aujourduy ne sera prise (LA VIGNE, S.M., 1496, 522). ...auquel lieu, après plusieurs demandes qui ont esté faictes entre moy et luy, avons tellement besongné que aujourduy graces à Nostre Seigneur, moy et mondit frere avons, es mains du cardinal d'Angiers, presans tous les seigneurs du sang, prelatz et autres grans et notables personnaiges en grant nombre, tant de ma compaignie que de la sienne, juré paix finable sollempnellement sur la vraye croix (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 214).

63

AUNE   
-

"Longueur égale à cette mesure" : ...il print, en la ville de Saint-Denis en France, ou clos à l'abé, neuf aulnes de napes ou environ, que l'en avoit mises secher en ycellui cloz, et lesquelles l'en moilloit pour blanchir (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 67). ...il a mis .V. aulnes de drap a l'aune de Paris de drap de Bruisselles de la grant moison (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 159). ...neuf aulnes et trois quartiers de satin noir signee dont on a fait une houppelande jusques à mi jambe de mondit seigneur (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 75). Il sera dit que les frepiers ne pourront ouvrer de draps neufs au dessus de douze sols parisis l'aulne (FAUQ., III, 1431-1435, 9). Elle avoit vestu ung corset de drap d'or juste, à manches bien larges, tout blanc, fourré d'ermines, et lui trainoit bien une aulne aprés elle et les manches aussi (Cleriadus Z., c.1440-1444, 574). ...et d'autre part a la royne fist presenter cent aulnes de la plus fine toille de atours (LA SALE, J.S., 1456, 135). Chascune aulne vous coustera vingt et quattre solz. (Path. D., c.1456-1469, 68). Alors de beau gris de Rouen Elle vous va couper dix aulnes, Et m'en fist les mains toutes jaulnes. (B. veoir, p.1480, 18).

64

AUNER   
A. -

"Mesurer à l'aune" : ...toutes personnes acatans draps aux detailleurs en le ville de Saint-Pol, il poeut auner ou faire auner ce qu'il leur plaist avant se port de l'estal. (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1383, 339). Audit Augustin, pour sa peine, par troys jours, d'avoir vacqué à aulner lesdits draps (Comptes roi René A., t.3, 1451, 186). LE DRAPPIER. Prenez la, nous les aulnerons. (Path. D., c.1456-1469, 72).

65

AVALER   
-

Avaler sans mascher. "Accepter qqc. à contrecoeur, mais sans protester" : Sans machier, soit joye ou tristesse, Avaler me fault ceste prune, Comme le subgiet de Fortune (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 412). Pour tant, s'avale soussiz mains, Sans macher, en peine confis, Si ne seront ja desconfis, Les pensees qui m'ont en leurs mains (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 472). Avaler le fault sans machier. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 192). S'en est mon conseil que nous l'avalons sans mascher [l' = le tour joué à trois maris par trois moines qui, pour une nuit, ont réussi à se faire passer pour eux auprès de leurs épouses] (C.N.N., c.1456-1467, 206). Il le me couvient avaler Sans mascher. (Path. D., c.1456-1469, 166).

66

AVANCE   
.

"Faire avancer qqn dans le sens qu'on souhaite, prendre l'avantage sur lui, le mystifier" : Si vous vouldroye bien prier - pour du mien, j'ay assés finance - Que nous deux luy baillons l'avance. Je sçay bien qu'il ha bonne cause, Mais vous trouverez bien clause, Se voulez, qu'i l'aura mauvaise. (Path. D., c.1456-1469, 146). [Éd. : "qu'à nous deux nous le prenions de court"] Ce qui(l) luy a baillé l'avance, C'est que tu t'es tenu de rire. (Path. D., c.1456-1469, 190).

67

AVANCE   
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"Faire avancer qqn dans le sens qu'on souhaite, prendre l'avantage sur lui, le mystifier" : Si vous vouldroye bien prier - pour du mien, j'ay assés finance - Que nous deux luy baillons l'avance. Je sçay bien qu'il ha bonne cause, Mais vous trouverez bien clause, Se voulez, qu'i l'aura mauvaise. (Path. D., c.1456-1469, 146). [Éd. : "qu'à nous deux nous le prenions de court"] Ce qui(l) luy a baillé l'avance, C'est que tu t'es tenu de rire. (Path. D., c.1456-1469, 190).

68

AVANT   
.

Avant ! "En marche ! Avançons ! Allez-y ! Dépêchez-vous !" : "Bien nous deveroient tenir li fort chastel et les fortes places qui sont ou roiaulme de France, quant une telle platte maison nous tient. Avant ! avant ! monstrons chevalerie." (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 241). "Or avant, signeur, il n'i a que dou bien faire. Velés chi, il vienent, vous les arés tantos. Li laron viennent le petit pas, il nous quident sousprendre." (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 21). Avant, avant, a boire, a boire ! Vard 'arriere, varde, houle, houle ! (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 38). Avant, noblez Crestiens et champions de l'église ! Soyés fors et courageux a combatre (Comte Artois S., c.1453-1467, 85). GUILLEMETTE. Avant, mon amy ! En ce point, quel que soit en sera couvert. (Path. D., c.1456-1469, 54).

69

AVENANT2      | 1   
1.

[D'une chose concr. ou abstr.] : Judas, mengüe ceste soupe Et boy du vin en ceste coupe ! Establir vous vueil loy nouvelle, Qui sera avenant et belle, Que ceulz qui bien la garderont En mon regne avec moy seront (Myst. Pass. N.S. R., c.1350-1370, 133). Et ainsi le denonce le nom de magnificence, qui signifie grandeur de despense avenant, convenable et honneste. (ORESME, E.A., c.1370, 241). Gentil homme peut bien donner à sa fille plus grant mariage que advenant, mais que le don ne excède la tierce partie ; car s'il excède, il ne seroit pas advenant et seroit rescindé (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1411, 527). On ne doit faire octroy, se non Quant la requeste est avenant, Car se l'onneur ne retenon, Trop petit est le remenant. (CHART., B. Dame, 1424, 346). Est il advenant que la doleure se meuve contre le cherpentier, ou le marteau se rebelle a son fevre, et lui demande manche plus a son appetit que au prouffit de l'ouvrage ? (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 35). Il est vray, monseigneur, que mon filz Paris, ainsi comme jeune qui ha grant hardiment et vouloir de devenir homme de hault affaire, m'a fait venir a la vostre presence pour vous faire aucune messagerie et requeste, laquelle vous fays en grant tremor et vergoigne, comme je cognoys que la requeste n'est pas advenant. (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 169). Si vous prye que entretant me veulhés prandre et recepvoir au lieu de vostre filh Paris, non obstant que je cognoys bien que tel change n'est pas advenant, quar en Paris sont toutes vertus habundans et en moy sont toutes vertus defalhans. (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 200). Dittes, esse chose advenant, Par vostre foy, que je les perde ? (Path. D., c.1456-1469, 112).

70

AVIS   
-

(Il) est avis à qqn que. "Il semble à qqn que" : Vierge, il m'est avis c'on m'acore D'un coustel, quant j'en oy parler (Mir. enf. diable, c.1339, 21). Le penancier que je queroie, M'est avis que je le voy la, Selon l'estat devot qu'il a. (Mir. parr., 1356, 31). ...en dormant en son lit, une vission lui vint, et li estoit proprement avis que il se trouvoit en la citté d'Arras où onques à che jour n'avoit esté (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 256). Mais il lui estoit advis en sa conscience que, s'il feust partis d'iceulx Testenoire et son maistre sanz prendre congé d'yceulx, et qu'il le quitassent du serement dessus dit à eulx fait, qu'il seroit parjures et auroit menti (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 24). ...et jusques lundi ot VIIJ jours, si comme il lui est avis, que icelli Breton avoit envoyé querre lui qui parle en son hostel par la femme dudit Breton, et pour ce y ala (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 538). ...une femme demourant en icelle ville, nommée La Bequedaire, si comme il lui est avis (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 117). ...il m'est avis que li evesques de Lincole i fu nommés (FROISS., Chron. D., p.1400, 234). ...il m'est avis que li evesques de Lincole i fu nommés (FROISS., Chron. D., p.1400, 234). ...de toutes choses mon pere Bien ressemblay (...) Si bien que il vous fust avis, Meismement es condicions, Que tous semblables les eussions. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 20). Et ainsy comme je pensoye, me fut avis que Male Voulenté se apparut a moy en maintes guises et figures laydes et hydeuses et monstrueuses (GERS., Noël, p.1404, 303). Et premierement elle print ung habit qui se nommoit dissimulacion : il me estoit avis que ce estoit familiere prodicion ou trayson. (GERS., Noël, p.1404, 305). Maintenant, las, dolent, m'est advis que je voy le contraire (CHART., Q. inv., 1422, 32). Or m'est il advis que ne me refuserez pas ne rebouterez. (C.N.N., c.1456-1467, 573). Il m'est advis tout clerement Que c'est il de vous, proprement. (Path. D., c.1456-1469, 58). Et, sur ce, messire Jehan Helphy lui dist : "Je me fie en vostre visaige et m'est adviz que je le puis bien faire. Je suis venu icy avant pour vous voir et pour parler à vous." (BUEIL, II, 1461-1466, 238). Lors se prinst le Cappitaine à parler et à deviser la manière de leur entreprinse, en parlant ainsi : "Il m'est adviz, Jouvencel, que ce que avés ainsi advisé pourroit bien pou prouffiter..." (BUEIL, I, 1461-1466, 115). Il m'est advis que je les vois, Elles vous pendent cy a leurs doys Des dyamens, des drogueries Et ung grant tas de brouilleries, Cela me feroit chier d'engoisse. (Sots Magn., a.1488, 196). J'ay bien regardé ça et là, Mais il m'est advis seurement Qu'il y auroit plus proprement Anima mea domino. (Sots Magn., a.1488, 207).

71

AVISER   
a)

"Prendre conscience, se rendre compte" : Je vueil la chandelle alumer, Pour miex congnoistre et aviser Quelz homs il est. (Mir. femme roy Port., c.1342, 174). Reviens avec moy et me regarde moy, qui suis chose espirituelle et sans parties, se d'aventure tu en oïras aucunes nouvelles. Mon Ame, je l'ay desja ainsy fait. J'ay regardé et advisé du tout en tout quelle tu es, comme grande est ta memoire, clere ton intelligence, franche ta voulenté, ton essence immortelle, ta vie espirituelle (GERS., Trin., 1402, 157). Tourne toy vers moy, et advise en quel dangier tu te laisses couler, et prye Dieu qu'il te garde de mauvaise pensee et de tentacion dyabolique. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 22). Or bien Il couvient adviser combien Vous en voulez, premierement (Path. D., c.1456-1469, 68).

72

AVOCASSAGE   
"Activité d'avocat (sans doute péjor.) ; ou barreau ?" : MAISTRE PIERRE, commence. Saincte Marie ! Guillemette, Pour quelque paine que je mette A cabasser n'a ramasser, Nous ne pouons rien amasser ; Or vis je que j'avocassoye. GUILLEMETTE. Par Nostre Dame, je y pensoye, Dont on chante en advocassaige (Path. D., c.1456-1469, 48). ["Par Notre Dame (l'avocate par excellence) que l'on ne manque pas d'évoquer dans les plaidoieries, j'y pensais" ; ou bien "Par Notre Dame, j'y pensais, on en jase même au barreau" (?) Z. rom. Philol. 44, 1924, 369 ; Romania 56, 1930, 559 ; H. Lewicka, La Dér., 1960, 100]

73

AVOCASSER   
B. -

"Excercer le métier d'avocat" : L'autre se met a courreter, Et l'autre va advocasser ; Ce sont deux mastiers d'une main, Et si sont deux frerez germains (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 176). En cest siecle, de tel n'a point Advocat certes com tu yez [saint Yves, avocat en Bretagne]. (...) ...tu as advocacé tant qu[e]... (Prières saints R., t.2, 1400-1500, 503). MAISTRE PIERRE, commence. Saincte Marie ! Guillemette, Pour quelque paine que je mette A cabasser n'a ramasser, Nous ne pouons rien amasser ; Or vis je que j'avocassoye. GUILLEMETTE. Par Nostre Dame, je y pensoye, Dont on chante en advocassaige (Path. D., c.1456-1469, 48). ["Jai connu un temps où je plaidais, où j'exerçais le métier d'avocat"] GUILLEMETTE. (...) Vous vous troublez d'avocasser Et ne povez rien amasser Pour procez que demener sachez. (Test. Path. T., c.1470-1475, 155).

74

AVOCASSERIE   
"Plaidoierie ; activité d'avocat" : Et sera commandé aux seneschaux deffendre aux advocas de non prandre des deux parties, sur peine d'estre privés d'advocacerie et avoir fait contre l'aasise. (Très anc. cout. Bret. P., Textes divers, 1403, 362). PATHELIN. (...) A bouter avant ma praticque, On ne sçaura trouver mon per. GUILLEMETTE. Par saint Jaques, non de tromper : Vous en estes ung fin droit maistre. PATHELIN. Par celluy Dieu qui me fist naistre, Mais de droitte advocasserie ! (Path. D., c.1456-1469, 50).

75

AVOCAT   
.

Avocat sous l'orme/dessous l'orme. "Avocat de village (plaidant souvent en plein air) ; d'où avocat d'occasion, ignare, non reconnu officiellement, avocat sans cause" : A ! sanc Dieu, comme il flaigole ! C'est ung droit advocat soubz l'orme ; Il est aussi asseuré comme Est ung espreuveur de triaicle. Je luy bailleray ung ostaicle, Par Dieu, ou je fauldray au traire. (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 172). Maintenant chascun vous appelle Partout advocat dessoubz l'orme. (Path. D., c.1456-1469, 48). "Cy repose et gist Pathelin, En son temps advocat soubz l'orme..." (Test. Path. T., c.1470-1475, 204). Maistre Mathieu de Hoche prune (...), Notaire en parchemin double Et grant advocat dessoubz l'ourme. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 106).

Rem. Cf. A. Giffard, Les justices seigneuriales en Bretagne, 1909, 79 n.1 et 104, n.1. Cf. aussi Éd. de Path., note du vers 13 (p.202-203).

76

AVOCAT   
.

Avocat d'eau douce. "Mauvais avocat" : Et, par le saint soleil qui raye, Je retourneray, qui qu'en grousse, Chiez cest advocat d'eau doulce. (Path. D., c.1456-1469, 118).

Rem. Peut-être sur médecin d'eau douce "médecin incapable de prescrire autre chose que de l'eau (?)" : cf. Éd., note du vers 756 (p.230).

77

AVOCAT   
.

Avocat potatif. "Avocat ivrogne" : LE DRAPPIER. Et cest advocat potatif A trois leçons et trois psëaulmes, Et tient il les gens pour Guillaumes ? (Path. D., c.1456-1469, 120).

78

AVOCATION   
DR. "Activité d'avocat, exercice de la plaidoirie, plaidoirie" : Ce jour, fu confermé ce qu'avoit esté deliberé le XXIXe d'octobre sur l'advocation de la cause maistre Raoul Witart (BAYE, I, 1400-1410, 14). ...advocat privé de droit d'advocacion, comme sont religieulx, femmes et autres. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 430). ...car pour ceulx qui estoient en peril de leurs chiefz, estoit ilz appareilliez, non pas sans plus user de eloquence, mais de toutes malicieuses advocacions. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 27). Il n'y a nul qui se congnoisse Si hault en advocacïon. (Path. D., c.1456-1469, 52).

79

AVOIR1      | 2   
IV. -

[Verbe "vicaire" d'assertion (avec si) ou de négation (avec non ou mie)] : LE CHASTELLAIN. Fille, prenez le pot lavoir, Si faites laver mon seigneur (...) LA FILLE. Biau pére, vous avez dit voir : Sire, lavez. LE ROY. Ma chiére amie, si aiez ; ça, je le prendray bien de vous. (Mir. femme roy Port., c.1342, 159). ...il ne queurt autre monnoye à la court du roy que de vostre chancellier de Berry, qui m'a donné de l'argent ; mais, par le sanc Dieu ! non a (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 543). Et ceulx demandent s'il lui avoit point dit son nom, et Gieffroy dit que si avoit. (ARRAS, c.1392-1393, 265). COQUIBUS. Non faict ; mais il a le lempas. LE ROY DES SOTZ. Non a, vrayement ; il ne l'a pas. (Roy sotz, c.1450-1500, 222). "Hé ! ma dame, laissiez le aler, car il vous a dit la verité." -- "Non a," dist elle, "autre chose y a soubz le mortier..." (LA SALE, J.S., 1456, 226). Il les a eues vrayëment ! Non a, dea, il ne se peult joindre (Path. D., c.1456-1469, 115). PRIEUR. Nous l'aurons. OFFICIAL. Non aurez. ABBE. Mes dieux ! Si aurons, Soit par amour ou soit par force (LA VIGNE, S.M., 1496, 578).

Rem. Avec mie : Il est tard, J'ay beaucoup demouré ; n'ay mie ? (Rec. Cohen II, 328 ; G. Zink, Fr. mod. 1982, 162).

80

AVOUER1      | 2   
-

P. antiphr. [Formulé ainsi par crainte de blasphème] "Désavouer, renier Dieu (ou un saint)" : Mais je puisse Dieu avouer S'il n'est attrait d'une peaultraille, La plus belle villenaille Qui soit, se croy je, en ce royaume ! (Path. D., c.1456-1469, 86). Et ce n'est, j'advou sainct Pierre, Qu'un espovantail de cheneviere, Que le vent a cy abatu. (Fr. arch. B., c.1468-1480, 45). J'avoue Dieu, ilz ont sur le nez Ung aulne de rouge esquarlate. (Rapp., c.1480, 62).

81

BABILLER   
A. -

"Bégayer, bredouiller" : JOSAPHAT. (...) Biau preudon, dire me vueillez A droit : qu'est ce que babillez ? Point ne l'entens. UN VIEL HOMME. Mon doulx seigneur, la main vous tens. Donnez m'aucune chose, sire. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 259). Ja l'avoit vaincu et estraint Si roidement, qu'il ne pooit Parler, fors que il babioit, Et laissa ceoir son espée, La pointe desous, en la prée (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 117). Ne me babilles Meshuy de ton "bee", et me paye. (Path. D., c.1456-1469, 192).

82

BABILLER   
B. -

"Parler d'abondance" : Il brouille de drap et babille Puis de brebis, au coup la quille ! (Path. D., c.1456-1469, 168). ...J'estoye allé au sermon autenticque D'un grant prescheur, lectré scientificque, Qui disoit d'or et babilloit de mesme (MAXIMIEN, Avocat dames Paris M.R., c.1485-1490, 7). Que vault il tant babiller ne debatre Quant vous voyez que Martin nous perdons ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 479).

83

BABOUIN   
-

[Pour désigner un homme de figure difforme] : Toutesfois, on eust arrachié Les dens du villain marsouyn Son feu pere, et du babouyn, Le filz, avant qu'il en prestassent Cecy, ne que ung beau mot parlassent. (Path. D., c.1456-1469, 88).

84

BACHELIER   
A. -

"Jeune homme" : ...a loy de gharchon ne volrent point aler, Mais bien et noblement con riche bacheler. (Flor. Rome W., c.1330-1400, 137). Fromondin font l'ensegne baillier et delivrer ; Forment s'en entremetent cil riche baceler (Garin Lorr. M., c.1330-1400, 486). On scet bien que la Chastelainne Fu morte pour un bacheler, Pour ce qu'il ne la sot celer. (MACH., J. R. Nav., 1349, 237). Li ung a l'autre dit : "Que bacheler ve la !" Pour sa grande beaulté chascun le regarda. (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 157). ...tellement ala le vaillant bacheller, Qu'a la porte est venu (Ren. Gennes D.B., c.1350-1400, 99). Entour eulx ot assis maint gentil bacheler (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 205). Signeurs, veuilliés penser Que prins soient en vie ses quatre baceler (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 312). "...Sur tous hommez du monde mainteriez bien cez drois, Car plus preu baceller au monde ne congnois." (Hugues Capet L., c.1358, 55). "...Mar fu cuis ly paons et mar fu fais ly feus, Quant par lui perderons ce baceller visseus !" (Hugues Capet L., c.1358, 62). Entre mil est biau bachelier. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 51). Adont a fait leur gent Ciperis ordonner, De Foucarmont partirent les nobles bacheler (Cip. Vignevaux W., p.1400, 79). Bien y furent rechups et viel et bacheler. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 40). En la compagnie des Cambrissiens avoit .I. jone baceler gentilhonme et chanonne de Cambrai et de nation gascon, appert honme durement et de grant volenté, et bien le monstra, ils qui bien estoit montés sus flour de coursier. Qant il se vei sus les camps, abaissa son glave et se joindi dedens son esqut et feri cheval des esporons. (FROISS., Chron. D., p.1400, 349). Et ainsi comme homme esvanouy et pasmé, me vint porter au logeis d'enfermeté, et me getta en la couche d'angoisse et de maladie. Mesmes Entendement, ce jeune et advisé bachelier qui m'avoit suy une foiz de loing, l'autre de pres, selon ce que Dieu m'en donna l'acointance, abreva elle de si estranges et merveilleux bruvages confis en forcenerie et en descongnoissance, que le bon et sage, qui a ce besoing m'avoit conduit jusquez au lit, demoura de coste moy estourdi (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 3). Quel vaillant bachelier c'estoit Le bon preudomme, et si prestoit Ses denrees a qui les vouloit ! (Path. D., c.1456-1469, 62). Jason et Theseus estoient lors en celle praerie avec pluseurs nobles bachelers du pays, passans le temps a faire pluseurs jeux de force comme luittier et saillir. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 166). Mais que ce jeune bachelier Laissast ces jeunes bachelectes ? Non, et le deust on vif bruler Comme ung chevaucheur d'escouvettes ! Plus doulces lui sont que cyvetes, Mais touteffoiz fol s'i fya (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 66). Et moy [je battrai] ce ieune bachelier Qui veult pertuber les gens Sortez passez par grant allee Monseigneur il veult reculler (Myst. st Martin K., a.1500, 218).

Rem. S'applique aux nobles et aux roturiers, aux célibataires comme aux gens mariés, pourvus de fiefs ou non, gén. employé en bonne part et flanqué d'adjectifs laudatifs. Cf. Jean Flori, Romania, t. 96, 1975, 312-313.

85

BAIERIE   
"Action de dire bee" : Je ne vueil plus de ta baierie. (Path. D., c.1456-1469, 190).

86

BAILLEUR   
-

Bailleur de paroles/de vent. "Beau parleur, celui qui paie de bonnes paroles" : D'espoir, et que vous en diroye ? C'est ung beau bailleur de parolles (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 476). Or cuidoye estre sur tous maistre, De trompeurs d'icy et d'ailleurs, Des fort coureux et des bailleurs De parolles en payement A rendre au jour du jugement, Et ung bergier des champs me passe ! (Path. D., c.1456-1469, 194). ...ung faulx trompeur plain d'abus Qui se nommoit Broudelibus Ung souffleur ! Ung bailleur de vent (MOLINET, Serm. st Billouard K., c.1460-1500, 123).

87

BALIVERNE   
-

Bailleur de balivernes. "Conteur de sornettes" : ..quel bailleur de balvernes [sic] ! Sont ce cy ? (Path. D., c.1456-1469, 124).

88

BARBELOTER   
Empl. trans. "Marmonner" : Par le corps Dieu, il barbelote Ses motz tant qu'on n'y [entent] rien ! (Path. D., c.1456-1469, 134).

89

BARBOUILLER   
I. -

"Parler de façon confuse, marmotter, grommeler" : Il est encor en resverie : Il resve, il chantë, il fatroulle Tant de langaiges, et barbouille. (Path. D., c.1456-1469, 122). Sans supplier, barbailler ne requerre, Je prandray tout, par moult forte bataille (LA VIGNE, S.M., 1496, 220). Mais quoy que j'aye broillé ne barboillé, N'a consentu a nulz de mes acors. (LA VIGNE, S.M., 1496, 482).

Rem. LE FÈVRE, Lament. Math. V.H., c.1380, v.1295 (TLF).

90

BÂT1      | 2   
.

Savoir où le bast blesse. "Savoir où est la cause de la souffrance, du problème" : Par Dieu, vous en peussiez bien taire ! Mon drap, aussi vray que la messe...Je sçay mieulx où le bas m'en blesse, Que vous ne ung aultre ne sçavez ; Par la teste Dieu, vous l'avez ! (Path. D., c.1456-1469, 313).

91

BAVE   
A. -

"Salive, bave" : Hé ! Dieu, que vous avez de bave ! ["que vous êtes bavard"] (Path. D., c.1456-1469, 100). En servelle de chat qui hait pescher, Noir et si viel qu'il n'ait dent en gencyve, D'un viel matin qui vault bien aussi chier, Tout enraigé en sa bave et sallive, En l'escume d'une mulle poussive Detrenchee menu a bons cyseaux (...), Soient frictes ces langues ennuyeuses ! (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 114).

92

BAVERIE   
[Souvent avec une idée de mensonge, de médisance] "Bavardage" : ...Car certez sa melancolie, Sa mauvaistié, sa baverie Donne a pluiseurs bons grant blasme Et nous a mis sur tous diffame. (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 41). Poetes n'ont que baverie Et a leur gré font fiction. (MARTIN LE FRANC, Champion dames IV, D., 1440-1442, 23). Mentez, menteurs a carterons, Certes point ne vous redoubtons, Ne vous, ne voustre baverye (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 538). ...il les faisoit chasser et bannir et de lui esloigner [les flatteurs] ; ne onques en sa vye ne leur voult donner or ne argent (...) pour servir de telles frivolles ou de telles baveries. (WAUQUELIN, Gir. Ross. M., 1447, 232). Et ne sçavez vous revenir A vostre propos sans tenir La court de telle baverie ? (Path. D., c.1456-1469, 162). Tout leur fait n'est que plainne baverie Pour nous bouter en grant peleterie. (MICHAULT, Doctr. temps prés. W., 1466, 36). Vous sçavés que le filz Marie As tant fait par sa baverie Que les gens de nostre loy a convertir, Quar plusieurs sont avec luy (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 79). Les oreilles estendues et grandes signifient sottie, bavrie et imprudence. (Somme abr. M., II, c.1477-1481, 135). Tu mens, ce n'est que baverye, Le veés vous, c'est ung espieux. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 190).

93

BÉ2      | 1   
[Onomatopée imitative du bêlement] :  ! dea, que ma couille est pelouse ! (Path. D., c.1456-1469, 130).  ! parlez à moy, Gabriël (Path. D., c.1456-1469, 130). Bee ! par saint Miquiel, je beré Voulentiers a luy une fes ! (Path. D., c.1456-1469, 130). Bergers, voz brebis dirent baaiz. Aprenez leurs ung autre notte ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 139).

Rem. Pour Path., cf. J. DUFOURNET (Information littéraire, 1986, t. 38, pp. 190-194) qui voit aussi un rapport avec le verbe beer, une connotation de la normandité, l'impératif de boire en normand, une forme du mot Dieu, une allusion au bois d'où sortirait le berger.

94

BÉ2      | 1   
[Onomatopée imitative du bêlement] :  ! dea, que ma couille est pelouse ! (Path. D., c.1456-1469, 130).  ! parlez à moy, Gabriël (Path. D., c.1456-1469, 130). Bee ! par saint Miquiel, je beré Voulentiers a luy une fes ! (Path. D., c.1456-1469, 130). Bergers, voz brebis dirent baaiz. Aprenez leurs ung autre notte ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 139).

Rem. Pour Path., cf. J. DUFOURNET (Information littéraire, 1986, t. 38, pp. 190-194) qui voit aussi un rapport avec le verbe beer, une connotation de la normandité, l'impératif de boire en normand, une forme du mot Dieu, une allusion au bois d'où sortirait le berger.

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BÉ2      | 1   
[Onomatopée imitative du bêlement] :  ! dea, que ma couille est pelouse ! (Path. D., c.1456-1469, 130).  ! parlez à moy, Gabriël (Path. D., c.1456-1469, 130). Bee ! par saint Miquiel, je beré Voulentiers a luy une fes ! (Path. D., c.1456-1469, 130). Bergers, voz brebis dirent baaiz. Aprenez leurs ung autre notte ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 139).

Rem. Pour Path., cf. J. DUFOURNET (Information littéraire, 1986, t. 38, pp. 190-194) qui voit aussi un rapport avec le verbe beer, une connotation de la normandité, l'impératif de boire en normand, une forme du mot Dieu, une allusion au bois d'où sortirait le berger.

96

BEAU   
.

Beau mot. "Parole aimable" : ...ne que ung beau mot parlassent. (Path. D., c.1456-1469, 88).

97

BEAU   
-

Sainte Marie la belle. "La sainte Vierge" : Par saincte Marie la belle... (Path. D., c.1456-1469, 86). Mais, par saincte Marie la belle, Je n'y voy que rire pour moy (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 82).

98

BEAU   
a)

[D'une chose concr. ou abstr.] : LE LARRON. (...) Mettre me vueil en autre point Et mes meurs changier et muer. (...) LE VALLET DU LARRON. Il a bele queue, le chat ; Il ne pourra mais de lait boire. Vous ferez pis, par saint Magloire, Que n'avez fait. (Mir. march. larr., c.1349, 110). Luy ay je baille (e) belle estorse ? (Path. D., c.1456-1469, 188). Maugré en ait saint Pere, Vecy une belle demande ! (Path. D., c.1456-1469, 104). Regarde m'en [des femmes de Paris] deux, troys assises Sur le bas du ply de leurs robes En ces moustiers, en ces eglises ; Tire t'en pres et ne te hobes ; Tu trouveras la que Macrobes Oncques ne fist telz jugemens. Entens, quelque chose en desrobes : Ce sont tous beaux enseignemens. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 121). Il y eut beau trippot (B. veoir, p.1480, 21). C'est dommaige qu'ilz n'ont grans caiges, Car ilz ont fait belle vaillance, Se sont folz plains d'oultrecuidance, Ilz ont failly plusieurs annees A jouer. (S. fol, c.1480-1490, 8). Vous verrés tantost ung beau tour (Tr. Men., c.1480-1500, 290).

99

BEAU   
a)

[D'une chose concr. ou abstr.] : LE LARRON. (...) Mettre me vueil en autre point Et mes meurs changier et muer. (...) LE VALLET DU LARRON. Il a bele queue, le chat ; Il ne pourra mais de lait boire. Vous ferez pis, par saint Magloire, Que n'avez fait. (Mir. march. larr., c.1349, 110). Luy ay je baille (e) belle estorse ? (Path. D., c.1456-1469, 188). Maugré en ait saint Pere, Vecy une belle demande ! (Path. D., c.1456-1469, 104). Regarde m'en [des femmes de Paris] deux, troys assises Sur le bas du ply de leurs robes En ces moustiers, en ces eglises ; Tire t'en pres et ne te hobes ; Tu trouveras la que Macrobes Oncques ne fist telz jugemens. Entens, quelque chose en desrobes : Ce sont tous beaux enseignemens. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 121). Il y eut beau trippot (B. veoir, p.1480, 21). C'est dommaige qu'ilz n'ont grans caiges, Car ilz ont fait belle vaillance, Se sont folz plains d'oultrecuidance, Ilz ont failly plusieurs annees A jouer. (S. fol, c.1480-1490, 8). Vous verrés tantost ung beau tour (Tr. Men., c.1480-1500, 290).

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BEAU   
b)

[D'une pers.] : ...Le beau menteur plain de promesse. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 166). Or s'en va il, le beau Guillaume (Path. D., c.1456-1469, 138).

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